Toulouse
Economie
Par Thomas Anne-Laure
Publié le 08/03/2018 à 10:42

À 32 ans, elle dirige "le ventre de Toulouse"

Maguelone Pontier a 32 ans. Fille d’agriculteurs et diplômée d’HEC, elle a pris la tête en juillet dernier de ce que les plus anciens appellent encore « le marché-gare ». Rebaptisé « le Grand Marché », le MIN de Toulouse est à l’Occitanie ce que Rungis est à la France : un lieu où producteurs et grossistes viennent vendre leurs produits aux commerçants de proximité, des restaurateurs aux fleuriste, en passant par les primeurs et les bouchers-charcutiers. Un univers essentiellement masculin dans lequel la jeune femme au parcours fulgurant évolue en toute légitimité. 


Aller à la rencontre de ses clients, goûter leurs produits, les prendre en photo : Maguelone Pontier, directrice depuis juillet dernier du Marché d’Intérêt National de Toulouse,  le MIN, est surtout animée par son amour des produits de qualité. « J’aime découvrir de nouveaux produits. Je les prends en photo pour les mettre en avant sur nos réseaux sociaux pour montrer qu’ici, on trouve une variété de de produits qu’on ne trouve pas ailleurs. »


Sur les 18 hectares de ce « Grand Marché », se retrouvent chaque jour près de 500 producteurs et grossistes qui vendent leurs produits à plus de 3000 commerçants de proximité. Maguelone est à la tête d’une entreprise qui réalise 333 millions d’euros de chiffre d’affaire. « Il faut un bagage technique, j’ai fait des études de droit et de commerce. Mais il faut aussi une connaissance du terrain: connaissance des produits mais aussi des acteurs du monde de l’agriculture, de la distribution, ou de la sphère économique et politique. » 


Cette connaissance du terrain, elle la tient de son enfance passée sur l’exploitation agricole de ses parents, près de Sète, mais aussi de son parcours professionnel fulgurant. A 32 ans, Maguelone a déjà eu le temps de passer par le Ministère de l’Agriculture, la FNSEA et Rungis. « Rungis, c’est le plus gros marché du monde, 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, du coup ça me confère une vraie légitimité. » 


De quoi, de fait, évacuer la question de son statut de femme dans un univers d’homme pour, plutôt, se concentrer sur sa mission première. « Ici on travaille pour le commerce de proximité : les primeurs, les marchés forains, les restaurateurs, les gens qui se lèvent tôt, qui aiment leurs produits, qui connaissent les variétés, qui ont de vrais savoir-faire. On est dans la plus grosse région agro-alimentaire de France. C’est vraiment un terroir et un territoire que j’aime défendre. » 


Un terroir auquel Maguelone n’exclut pas de revenir …  un jour. « Je pense à revenir chez moi, dans l’Hérault. Mais pour le moment, je veux avant tout relever au mieux les défis que l’on m’a confiés au MIN de Toulouse. »