Guerre d'Algérie : Le cimetière oublié des enfants de Saint-Maurice-l'Ardoise
La vie de Nadia Ghouafria a basculé le 20 mars 2023 lorsque sont découverts les premiers restes d’enfants harkis morts dans le camp de Saint-Maurice-l’Ardoise (maladies, froid, malnutrition).
Une découverte des archéologues de l’INRAP permise par le travail de Nadia. Cette fille de harkis, n’ayant jamais vécu dans les camps, cherchait à retracer le parcours de ses parents quand elle tombe par hasard sur le procès-verbal d’un gendarme mentionnant ce cimetière oublié, auparavant mentionné par certains harkis mais sans preuves de son existence ni d’informations sur sa localisation.
Au total 27 dépouilles « enveloppées dans un tissu « sont retrouvées sur les 30 mentionnées dans le rapport.
Des premières fouilles avaient été menées en 2022 mais n’avaient pas abouti. Les archéologues ont donc réussi à affiner la localisation pour trouver l’endroit exact.
Pour Nadia, la libération et la colère se mélangent. Libération de trouver enfin les restes et d’offrir un lieu de recueillement aux familles des victimes et colère de voir ces enfants ne jouissant pas de sépultures dignes.
Suite à cette découverte, plusieurs familles se sont manifestées après avoir reconnu dans la presse le nom d’un de leurs proches dans la liste des défunts mentionnée par le pv.
Depuis cette découverte, Nadia a noué des contacts avec l’armée puisque le cimetière se situe sur un terrain lui appartenant. Les militaires se sont montrés sensibles à ces découvertes et prêts à faire avancer les choses. A terme, Nadia aimerait que le cimetière soit réhabilité et devienne un nouveau lieu de mémoire.
Le camp de Saint-Maurice-l’Ardoise a accueilli 3.000 harkis entre 1962 et sa dissolution en 1976.