Les Courageuses : La transmission culturelle des femmes harkis
C’est un pan de l’histoire de France qui prend vie sous nos yeux. Après trois jours de travail, Farah, Street artiste, parachève une fresque en hommage à toutes ces femmes d'anciens harkis, réfugiées à Lodève après la guerre d’Algérie. Habib, âgé de 89 ans, en avait 25 quand il a fui son pays pour venir s’établir ici avec sa femme, devenue elle-même lissière. Entre pudeur et émotion, il se rappelle des souvenirs. En route vers le centre-ville avec la conseillère régionale Fadila Bennamar Koly, pour s'assurer que toutes les œuvres du parcours de l’exposition sont prêtes. C'est un événement culturel multidisciplinaire, avec aussi des lectures théâtralisées sur ces héroïnes du quotidien. Kemla fait également partie des lectrices.Merhet finalise des créations avec des fils de laine. Pour elle, ce travail est le plus important qu'elle ait réalisé, tant elle mesure l’émotion que ces photos suscitent au sein des familles de harkis. Une connexion presque mystique s'est même établie au fil de ce processus créatif avec ces courageuses, aujourd’hui pour beaucoup disparues.
À travers l’héritage culturel laissé par ces femmes en exil, Fadila veut y voir un moyen de recoudre les blessures causées par huit années de guerre et de tisser des liens entre les générations. Un travail de recueil mémoriel essentiel pour favoriser le dialogue et la réconciliation. Ce savoir-faire de tissage traditionnel nord-africain est garanti depuis 1966 par le Mobilier national. Longtemps ignorés du grand public, ces tapis ont orné les plus hauts lieux de la République. À l’image de cette pièce, fruit de huit ans de travail, destinée au palais de la Légion d’honneur à Paris.