Nîmes
Société
Par Chamerlat Laury
Publié le 14/12/2018 à 11:38

Andrée Julien, le devoir de mémoire d'une résistante déportée

42 184, c’est le matricule que portait Andrée Julien, déportée en 1944 dans le camp de concentration de Ravensbrück. Aujourd’hui âgée de 96 ans, elle fait le tour du Gard et des Bouches-du-Rhône pour partager son histoire avec les jeunes générations. Ce mercredi 12 décembre, l’ancienne résistante est venue à la rencontre de trois classes de troisième de collèges du Gard.


Née d’une famille de résistants, la nîmoise est arrêtée dès l’âge de 18 ans. Après avoir été internée dans différentes prisons françaises, Andrée Julien est déportée en Allemagne nazie. « Nous avons passé la frontière le 6 juin 1944. Ce qui fait qu’en Normandie, il y avait le débarquement et nous, au côté opposé, nous passions la frontière, enchainés, pour aller dans les camps de la mort. Ça, c’est quelque chose que je n’ai jamais oublié parce que ça a été tragique, terrible. J’ai enjambé des morts. Ma vie était finie… Et pourtant le moral est resté solide. ».  Ce moral, l’ancienne résistante a su le garder tout au long de ses onze mois passés dans le camp. « On fabriquait des obus pour le régime nazi. On essayait de ralentir mais il y avait les SS derrière avec les armes. Il fallait travailler, travailler, travailler. Et donc on s’était fait une philosophie. On travailler parce qu’on était obligé mais il n’était pas interdit de chanter. Alors, en manipulant ces obus, nous, on chantait. La rage au coeur, on chantait des chansons françaises. »


Ce devoir de mémoire, Andrée Julien le perpétue inlassablement. « On a le coeur gros. On a des mots qui sont durs à dire mais on ne pleure jamais. On a le moral tel que nous l’avions il y a plus de 70 ans. Ce qui me pousse à témoigner, c’est pour que les élèves soient vigilants pour que ça n’arrive plus. » Pendant une heure, les étudiants étaient invités à poser toutes les interrogations au sujet de la déportation et des camps de concentration. « J’ai souhaité que les élèves fassent de l’histoire vivante, explique Corinne Rinati, professeur d’histoire au collège Saint-Stanilas. Nous avons la chance d’avoir Madame Julien qui peut répondre en direct à toutes les questions des élèves. Ça vaut tous les cours d’histoire sur un manuel ou sur un powerpoint. Elle les regarde et répond très exactement à leurs interrogations. Ils deviennent ainsi acteurs de l’histoire. » Un témoignage d’autant plus précieux pour une partie des élèves du collège Saint-Stanislas qui préparent le Concours National de la Résistance et de la Déportation 2018-2019. Après s’être enrichis de cette rencontre, les étudiants doivent réaliser un court-métrage sur la thématique. Leur travail sera rendu en mars.


En vidéo, revivez la rencontre entre Andrée Julien et les collégiens du Gard au cinéma CGR de Nîmes.