Arles
Environnement
Par Chay Christophe
Publié le 04/09/2020 à 18:23

Arles : l’agriculture bio, bouclier protecteur de la biodiversité en Camargue

Fondée en 1844, la société Alpina Savoie est le plus ancien semoulier-pastier en France. Ce meunier historique s’est récemment lancé dans le mécénat et le soutien d’une étude inédite en France : montrer le lien existant entre l’agriculture et la biodiversité dans une zone humide, comme la Camargue, la plus importante du pays. Un partenariat qui unit le pastier Alpina Savoie, la Fondation de la Tour du Valat et la société BioSud, productrice de riz et de blé dur, qui collecte également les mêmes céréales auprès de 55 producteurs de la zone du pays d’Arles, soit 12.000 tonnes de riz et 6.000 tonnes d’autres produits, dont 50% de blé.


Producteur bio depuis 1991, Marc Thomas pratique la culture alternée du blé dur, puis celle du riz, dans le respect de la saisonnalité. Une agriculture également profitable à la qualité des pousses, dans des champs rarement altérés par la présence de mauvaises herbes. Depuis 2003, le riziculteur constate une amélioration de la sensibilisation des agriculteurs désireux de passer en bio : « sur les six dernières années, le bio a bien progressé en Camargue ; sur les 18.000 tonnes collectées, 20% ont opté pour ce modèle d’agriculture ».


Un modèle qui participerait sur la longue durée à l’amélioration et à la restauration des paysages de Camargue, en privilégiant les haies et la faune susceptible de s’y installer. A travers cette action, producteurs et scientifiques souhaitent que la Camargue retrouve son aspect d’autrefois, l’agriculture intensive ayant altéré les paysages selon les spécialistes de la question. Une manière aussi de sensibiliser les agriculteurs sur des pratiques présentées comme « plus vertueuses », afin que le public acquière de nouveaux réflexes de consommation.


En toile de fond de cette étude menée sur trois ans, une question essentielle : en quel sens l’agriculture participe au maintien de la biodiversité en Camargue ? Certaines espèces animales peuvent être utiles à l’agriculteur car étant prédatrices de nuisibles au moment des semences. Le cas contraire peut aussi se vérifier avec des espèces initialement utiles, mais qui pourraient s’avérer nuisibles au moment de la récolte ! La Tour du Valat s’est fixée comme objectif de déterminer quels éléments favorisent le plus la biodiversité sur les parcelles agricoles, afin de pouvoir répliquer ces critères dans un maximum d’exploitations.


Un modèle qu’Alpina Savoie soutient à 50% en Camargue, mais également à 50% en Occitanie, via la société AgriBio Union, implantée dans le Tarn. 30% de sa production est consacrée au bio, avec une volonté affirmée de l’accompagnement des agriculteurs, selon un triptyque  bio-écologique-équitable. Les conclusion de l’étude sont attendues à l’horizon 2023.


Interviews : Thomas Galewski (chef de projet à la Fondation de la Tour du Valat, au Sambuc, à Arles), Marc Thomas (producteur en Camargue de céréales bio, riz et blé dur, président de la société BioSud, organisme collecteur auprès d’autres agriculteurs), Jean-Philippe Lefrançois (directeur général de la société Alpina Savoie, établie à Chambéry).