Nîmes
Société
Par D'Harlingue Julie
Publié le 27/04/2020 à 20:00

Comment nos écoles se préparent-elles au retour des élèves le 11 mai ?

Comment les écoles s’organisent pour préparer la rentrée du 11 mai ? Un retour à la normale est-il envisagé en pleine pandémie du Coronavirus ? La grande inquiétude : comment ne pas transformer nos établissements en nouveau foyer de l’épidémie ?

Si certaines mesures ont déjà été annoncées ce mardi 21 avril par Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, d’autres seront éclaircies ce mardi 28 avril, date à laquelle le plan de déconfinement doit être annoncé par le Premier ministre Edouard Philippe. Les syndicats enseignants et parents d’élèves préfèrent avertir : la mise en place est « colossale » et tout ne sera pas parfait. Ils imposent leurs conditions. Voici pour l’heure, ce que l’on sait.

Si les syndicats enseignants, parents d’élèves et petites communes se disent « prêts » à reprendre le 11 mai, ils annoncent être « surpris de cette décision » et envisageaient plutôt une reprise officielle en septembre prochain. Tout comme le Conseil scientifique qui préconise un retour en classe en septembre. Alors, pour protéger nos enfants et enseignants, voici ce que prévoit le gouvernement.

Il est d’abord question d’un calendrier échelonné.

La rentrée des classes du 11 mai concernera uniquement les élèves de grande section de maternelle, CP et CM2.

Dès le 18 mai, il y aura un retour en classe des élèves de sixièmes, troisièmes, premières et terminales.

Enfin, le lundi suivant, le 25 mai, tous les élèves seront invités à regagner les bancs de l’école. Les internats, eux, restent fermés.

« Invités » mais pas « obligés ». Au vu de cette crise sanitaire, le ministre a laissé le choix aux parents de déposer leurs enfants à l’école.

Il s’attend donc à ce que les classes soient réduites, notamment à ce que les professeurs aient face à eux des petits groupes de 10 à 15 élèves « maximum », pour mieux respecter les règles d’hygiène et ainsi éviter toute contamination du Covid-19.


Le ministre de l’Éducation nationale l’avait précisé plus tôt, il n’y aura aucune épreuve à la fin de l’année. Ainsi le baccalauréat, le brevet et les épreuves de BTS sont annulés pour l’année 2020. Pour les élèves qui resteront à la maison, un enseignement à distance sera maintenu, comme il est organisé actuellement. Et c’est bien ce qui fait « tiquer » les enseignants.



Les enseignants ne veulent pas d’une « triple journée »

Le syndicat enseignant SNES - FSU Gard avoue avoir été « pris de cours » par cette date du 11 mai. « Nous avons été avertis par voix de presse », signale Jérôme Amicel, secrétaire départemental du syndicat, qui évoque « une mauvaise communication avec le ministère de l’Éducation nationale en ce moment ».

Préoccupation première : comment organiser nos journées ? « Nous sommes enseignants, mais aussi, pour la plupart, parents, donc nous ne voulons pas avoir à gérer une classe, puis en même temps des élèves à distance, et enfin les devoirs à faire avec nos propres enfants », averti Jérôme. Les enseignants ne veulent pas assurer un ‘’double service’’ d’enseignement en présentiel, et d’enseignement à distance.


Surtout que le personnel enseignant, lui aussi, sera en effectif réduit ; Il faut prendre en compte qu’une partie est aussi à risque et restera confinée. Ce calendrier échelonné semble convenir au syndicat, qui pourra, de son côté s’organiser pour instaurer les formations et des ateliers pour mieux préparer cette rentrée particulière.

« Qu’en est-il aussi des élèves ? Comment la sélection va-t-elle se faire, si jamais ils sont 20 par classe à être de retour ? », s’inquiète aussi Jérôme Amicel.


Autres tracas, comment agir en terme de distanciation sociale avec les élèves ? Quid des masques ? Seront-ils obligatoires ? Quel protocole est mis en place si jamais un enseignant contracte le Covid-19 ? Quelle protection sera mise en place ? Ces questions, sont pour l’instant restées sans réponse claire de la part du ministère de l’Éducation nationale.


De son côté, le syndicat enseignant SNES - FSU Gard a émis plusieurs conditions à travers une lettre adressée au préfet du Gard, à l’inspection d’académie, à la vice-présidente du Conseil départemental et enfin aux membres du CDEN, le conseil départemental de l’Éducation nationale.

Il se dit « prêt à reprendre le 11 mai, sous plusieurs conditions ». Ainsi, il demande notamment « un dépistage généralisé à l’ensemble de la population scolaire et de l’administration de l’Éducation nationale, une mise en place d’un protocole d’accueil de tous les élèves, une mise en conformité des locaux, et surtout une clarification du ministère sur les services et les fonctions de chacun à partir du 25 mai ».


La distance était aussi la crainte des enseignants au début de ce confinement. Jean-Michel Blanquer affiche le chiffre de 4% des élèves qui auraient décroché, sur le territoire national. Jérôme Amicel, le secrétaire département du syndicat SNES - FSU Gard dit être « en train de rattraper le contact avec ces familles en difficulté et de faire en sorte qu’elles puissent bénéficier des fonds sociaux ».

Autant de questions qui seront éclaircies ce mercredi 29 avril par le ministre de l’Éducation nationale qui doit annoncer une ligne de conduite plus précise pour cette rentrée du 11 mai, à l’issue du Conseil des ministres.


Les parents d’élèves « inquiets » pour cette fin d’année

La FCPE a réalisé une enquête auprès des élèves de l’académie de Montpellier qui suivent l’enseignement à distance depuis le début du confinement. Résultat : il y a des enfants qui n’arrivent pas à faire une poursuite pédagogique à distance, « soit parce qu’ils n’ont pas l’équipement nécessaire, soit à cause de l’environnement familial qui ne leur permette de travailler », explique Béatrice Leccia, présidente de la FCPE du Gard et Coordinatrice régionale au sein de l’académie et de Montpellier.

Pour autant, si la FCPE est en faveur d’une reprise avant le mois de juin, « on est quand même extrêmement inquiets sur les mesures d’hygiènes », souligne la présidente de la FCPE.

« Il faut du gel hydro-alcoolique, des gestes barrières assurés, une désinfection totale des établissements, mais surtout du savon dans toutes les toilettes des écoles… Et cela n’est pas forcément évident ! »

Cela va aussi demander un effort de logistique, qui emmènera l’enfant à l’école ? Combien seront-ils d’élèves par classe ? Si, l’enfant est exposé au Covid-19, il ne pourra pas voir les grands-parents tout de suite, par exemple. La FCPE dit rester « vigilante à ce que la règle de non - obligation de déposer l’enfant à l’école soit respectée, et que personne ne profite de cette courte période avant le 4 juillet pour terminer un programme et ne mette en place une tonne d’examens, ce n’est pas du tout l’enjeu », insiste Béatrice Leccia.


Les collectivités doivent adapter les locaux

Alors dans quel cadre nos enfants vont-ils apprendre ? Classes situées dehors, ou architecture fermée ? La cantine va-t-elle rouvrir ? Quelles seront les conditions quant aux transports scolaires ? La région Occitanie organise cette semaine une réunion pour définir les bases avec la région académique d’Occitanie.


À Nîmes, capitale gardoise, les services techniques sont en train de procéder à la désinfection des 83 établissements scolaires. Une centaine d’agent des sociétés prestataires est mobilisée jusqu’au 30 avril. Cela représente un surcoût de 10% du budget annuel du nettoyage. « Il s’agit de désinfecter les surfaces spécifiques telles que les poignées de porte, les interrupteurs, les tables, chaises, corbeilles, ect… », précise Thierry Leouffe, directeur de la direction de l’enseignement scolaire. Par ailleurs, la Ville de Nîmes a investi 250.000€ dans l’équipement des écoles en matériel sanitaire. Elle l’assure, les 610 classes seront toutes équipées d’un distributeur de gels hydro alcoolique pour le 11 mai et la Ville se dit prête à renforcer son protocole d’hygiène, si le ministère le demandait. Sauf qu’aujourd’hui les informations sont reçues « au compte goutte » de la part de l’État et qu’elle ne sait pas encore combien d’élèves se présenteront lundi 11 mai devant les portes des établissements scolaires.


Si les grandes villes vont pouvoir s’organiser, du côté des petites collectivités cela n’est pas si évident. le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer s’est dit « plus souple » quant à l’organisation. Pour autant, « le message du gouvernement est un peu flou », pour le maire d’Entre-Vignes dans l’Hérault, une commune nouvelle née d’une fusion entre Saint-Christol et Vérargues.

À 15 jours du déconfinement, le téléphone de Jean-Luc Bergeon (PS), n’arrête pas de sonner. Lui qui a à gérer 110 élèves en école maternelle et primaire à Saint-Christol doit organiser au mieux la rentrée. Sur le plan technique, gérer une petite classe est faisable, « nous accueillons déjà des enfants du personnel soignant », mais gérer plusieurs groupes de 10 à 15 enfants « sera une autre paire de manche ».

Il s’agit de pouvoir organiser une désinfection des locaux, mais aussi de négocier avec le prestataire de cantine. « Je ne sais pas dans quelles conditions les repas seront servis ». À ce jour, le maire ne peut pas confirmer que la cantine sera bien ouverte aux élèves. Si ce déconfinement est salué par le maire, la mise en place est complexe. Il regrette la « précipitation » de ce gouvernement. Il craint que cette mesure crée des inégalités entre les élèves et les familles. Le personnel peut aussi exercer son droit de retrait, c’est le cas dans le secteur de Saint-Christol qui ne pourra pas s’appuyer sur tous ses employés communaux.


Le gouvernement doit annoncer son plan de déconfinement ce mardi 28 avril. Sera-t-il en accord avec le Conseil scientifique qui préconisait un retour en classe « plutôt en septembre » ? Il recommande une distance obligatoire d’1 mètre entre les tables dans les classes et le port du masque obligatoire, et enfin des récréations par petit groupe.