L'année 2020 avait pourtant bien commencé pour Maude Ubidos, directrice du camping de l'Espiguette au Grau-du-Roi. Les réservations au mois de janvier et février pour cet été étaient en hausse par rapport aux années précédentes mais le confinement effectif depuis le 17 mars a stoppé net cette envolée : "Au final, 2020 sera l'année où l'on va devoir sauver les meubles."
Sur les quarante-cinq salariés du camping, deux tiers sont en chômage partiel, dont quinze en arrêt total.
"Pour le moment, nous n'avons eu aucune annulation prise avant le confinement pour les mois de juillet et août. Les touristes sont dans l'attente de la date fixée par le gouvernement pour la réouverture des hébergements. Malgré cela, on est bien conscient que cette année, on ne va pas remplir nos 2000 places de camping." Pourtant Maude garde le moral : "90 % de notre clientèle est une clientèle française, la plupart provient des départements frontaliers, donc même si nous subiront une inévitable baisse de la fréquentation, on se sera pas impacté par la fermeture des frontières nationales."
"Se réinventer"
Le tourisme local c'est l'atout des hébergements de plein air dans cette période de confinement. Un atout que ne possèdent pas les autres structures touristiques du département, à savoir ses 48 sites touristiques comme le Pont du Gard ou le Musée de la Romanité à Nîmes. "Dans le Gard, trente à quarante pour cent de la clientèle est une clientèle étrangère" déplore Gérard Hampartzoumian, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Gard.
Selon l’Observatoire de l’économie touristique de Gard Tourisme, les professionnels du tourisme gardois enregistrent une baisse de chiffre d’affaires de 84% pour la deuxième quinzaine du mois de mars; 64% ont stoppé leur activité et le mois d’avril enregistre 90% d’annulation de séjours.
Le président du département du Gard, Denis Bouad, président de Gard tourisme, met en place une stratégie d'attraction locale pour booster le tourisme dans son territoire dont les mesures seront communiquées la semaine prochaine.
"Le Gard a tout pour plaire et se démarquer. Son art de vivre en fait, depuis toujours, une destination unique où il fait bon vivre ou séjourner. Nous devons le faire savoir pour inciter les touristes, à commencer par les gardois, à prendre des vacances dans notre/leur département", fait savoir Denis Bouad. Il ajoute : "Cette période inédite est notamment l’occasion de s’interroger sur nos façons de vivre, nos façons de produire et de consommer, nos façons d’échanger et de voyager. Et justement, "se réinventer", c'est le terme salvateur que l'on retrouve dans la bouche d'un grand nombre de professionnels du tourisme gardois depuis le début de la crise."
"Ce confinement va peut être nous inciter à arrêter le tourisme de masse. Pourquoi pas développer une attractivité échelonnée sur toutes les saisons ? Le confinement impose une distanciation, pourquoi pas réaménager nos campings ?" réfléchit Maude Ubidos, directrice du camping de l'Espiguette, alors que Gérard Hampartzoumian, Président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie du Gard, envisage un nouveau mode d'accueil dans la restauration :
"Un restaurant et un bar, c'est la promiscuité, c'est grâce à cela que ça fonctionne, il va falloir les prochains mois trouver d'autres solutions !" Mais pour le moment, l'heure est à l'attente d'une date d'ouverture des établissements touristiques. Au total, le tourisme représente 16 000 emplois dans le département du Gard.
