Sète
Economie
Par D'Harlingue Julie
Publié le 25/01/2021 à 17:30

Dossier : La pêche à la daurade vers un avenir plus durable dans nos lagunes

Comment maintenir un prix juste de la daurade toute l’année ? Ce poisson emblématique d’Occitanie est présent dans les lagunes du printemps à l’automne. À la période de dévalaison, les pêcheurs connaissent une chute des prix. Alors une expérimentation menée sur le bassin de Thau depuis 3 ans pour tenter de lisser les stocks sur l’année. Retour sur le nouvel avenir de cette filière. 

L'expérimentation "Valdora", pour "valorisation de la daurade", a été initiée par trois pêcheurs professionnels de Sète, dont Robert Rumeau. Issu de cinq générations de pêcheurs professionnels (de ce qu'il sait, précise-t-il), il est fier d'avoir participé à ce projet qui, aujourd'hui, fait des envieux dans la profession. 


En 2016, Robert Rumeau est allé, accompagné par deux autres pêcheurs Sétois, à la rencontre de l'association Cépralmar, Centre d'Etudes et de Promotion des Activités Lagunaires et Maritimes, afin de réfléchir sur la valorisation de la vente de daurades. Car chaque année, à la fin septembre - début octobre, son afflux dans l'étang de Thau fait chuter drastiquement les prix. Tout l'été, le kilo se vend entre 15 et 20 euros, contre 5 euros à cette période.


L'idée, c'est donc de conserver les daurades vivantes, et de décaler les ventes, idéalement jusqu'aux périodes de Noël. A cet effet, les pêcheurs se sont équipés de deux cages chacun, d'un montant de 4 000 euros l'unité. Cages fabriquées en Bretagne par des vendeurs de filets. Les daurades sont recueillies dans ces cages plongées dans l'étang, puis transposées dans des "viviers" de 45m3 qui peuvent contenir entre 600 et 700 kilos de daurades. Grâce à l'eau de l'étang, les viviers reproduisent l'habitat naturel des daurades, ces poissons sauvages.


L'expérimentation "Valdora" sur l'étang de Thau a duré trois ans. Résultats sur la dernière année de "captivité" : 2% de daurades mortes et une faible perte de poids (alentours de -5%). Le prix de vente s'est ainsi maintenu. Les professionnels sont satisfaits. Si l'expérimentation a touché à sa fin, le plus jeune des trois pêcheurs continue de mener des expériences pour valoriser la vente à la daurade (Robert Rumeau vient de prendre sa retraite... il reste actif, mais est à la retraite). Le Cépralmar se satisfait de voir que les pêcheurs se sont appropriés le dispositif. D'ailleurs, l'association continue de suivre tout ça de près.


Toutes les lagunes d'Occitanie sont de véritables nourriciers à poissons, c'est pourquoi les pêcheurs de Leucate et du Barcarès rencontrent le même problème. Ces derniers ont contacté le Cépralmar pour mener une expérimentation similaire. Elle devrait débuter en 2021.