C'était l'une des annonces les plus attendue et surveillée de la dernière allocution d'Emmanuel Macron : la réouverture des commerces. Elle est effective dès ce samedi. Pourtant, elle ne suffira sans doute pas à effacer des séquelles très profondes chez les indépendants.
Au moment où elle a entendu la voix d'Emmanuel Macron annoncer la réouverture des commerces samedi, elle n'a pas pu retenir ses larmes. "Désormais on va faire du non-stop jusqu'au 24". Audrey Carbot a les yeux qui pétillent, et compte reprendre son travail plus déterminée que jamais : "On va essayer de sauver ce que l'on peut, et puis se redonner du baume au coeur. Ce sont les fêtes de fin d'année, et c'est important pour le chiffre d'affaire, mais aussi le moral des gens". Si Audrey est soulagée c'est parce-que comme elle, de nombreux commerçants d'Occitanie reviennent d'une longue apnée. Pour certains, elle est devenue tellement irrespirable qu'ils y ont laissé la vie.
Des appels au secours plus nombreux
"Nous avons eu deux suicides, dont une coiffeuse de 24 ans, c'est inacceptable", confesse Nicole Audier, la présidente du syndicat des coiffeurs de l'Aude. Le suicide, beaucoup de chefs d'entreprises y ont songé durant le confinement. D'après l'Ifop, ils sont 27% à y avoir pensé cette année. Conséquence du mal-être, l'Apesa, la cellule d'aide psychologique pour les gérants d'entreprises, a vu son nombre d'appels doubler en quelques mois par rapport à 2019. Les tribunaux de commerce chargés de centraliser les appels, ont enregistré 1200 coups de fil d'entrepreneurs en détresse. "La santé des entrepreneurs n'est vraiment pas bonne", souligne Martine Tiberino, la présidente de l'Apesa dans le Gard. "Certes, les entreprises sont aidées, mais un jour, elles vont devoir passer à la caisse. Et ce jour-là, certains gérants ne vont pas voir le bout du tunnel, car leur vie est en jeu, et la vie de l'entreprise, c'est leur vie."
