C’est la fin de l’automne. La vigne joliment orangée perd doucement ses feuilles et poursuit son cycle de vie… Tandis que nos nos viticulteurs et vignerons tirent le bilan d’une année catastrophique pour les ventes. Restaurants, hôtels et bars fermés, coupe d’Europe de football et foires expos annulés en raison de la crise sanitaire.
Alors le jour où on commence les vendanges à la mi - août cet été : les cuves sont encore pleines.
Comment éviter le surplus de liquide qui n’a pas pu être commercialisé pendant le confinement au printemps ?
Alors que les vendanges touchent à leurs fins, le Syndicat des vignerons de l'Aude proposait une conférence de presse de bilan en octobre dernier à Narbonne.
La récolte cette année représente environs 13M d'hL en Occitanie.
"Un millésime qui sera exceptionnel cette année en tout point car malgré le gel et les inondations du printemps, le vin à bénéficié d'une chaleur estivale idéale", observait le président.
Mais les viticulteurs ont beaucoup de difficultés sur le terrain commercial. La pandémie de Covid-19 et l'arrêt des exportations (qui représentait en 2019, 27 % des ventes en Languedoc-Roussillon) n'a pas aidée, au contraire.
Une consommation de vin en baisse pendant le confinement du printemps
En France, la fermeture des restaurants, des hôtels ou encore l'annulation de l'Euro 2020 (qui représente environs 1M d'hL de vente) ont mis à l'arrêt les ventes de bouteilles. Pendant le confinement, il s'est bu 46% de vin en moins que d'habitude. Solution, pour beaucoup de viticulteurs : la distillation.
Au total en Occitanie, 1 million d’hL de vins ont été vendus pour distillation.
L’équivalent de 7,6% de la récolte totale des vignes sur le territoire en 2019.
Roland et sa femme Anne-Marie sont un couple de vigneron installé depuis 20 ans sur la commune de Castelnau-d'Aude. Ils possèdent 13 hectares de vignes. Mais la crise sanitaire a mis un gros frein à leur profession.
Roland a une partie de sa production qu'il vend en vrac, c'est 30% de sa récolte soit 20% de son chiffre d'affaires en tant normal.... Car cette année impossible de la commercialisé avec la crise sanitaire, il a donc opté pour la distillation.
Un principe qu'il a dû utiliser aussi pour une partie de son vin en appellation destiné à être mis en bouteilles. Des bouteilles qu'il n'a pu vendre en 2020, car tous ses secteurs de commercialisation se sont stoppés, coronavirus oblige. Le domaine Terres Georges travaille uniquement en circuit court : cavistes, restaurateurs, exportation (50% de la récolte), particuliers... Et le couple compte beaucoup sur les salons grand public, ils en ont 8 par an, 4 aux printemps annulés avec le premier confinement et 4 en fin d'année mais ils ont bien peur qu'ils soient annulés avec ce nouveau confinement. C'est donc plus de 4 000 bouteilles sur les 40 000 bouteilles produites, qu'il a envoyés à la distillation.
Des bouteilles qu'il ne peut stocker puisque les récoltes de la saison 2020 sont finies. De plus les stocker engendreraient aussi des frais de mise en bouteille : de 0,80 à 1 euros par bouteille.
Aujourd'hui il connaît déjà le montant de la baisse de son chiffre d'affaires pour l'année 2020 : c'est 30% de perte. Ajoutez à cela les charges qui continuent, avec la récolte 2020 qu'il a fallu réaliser.
Une aide européenne de 155 M d'€
Dans ce dossier, nous vous emmenons aussi dans une distillerie audoise qui a doublé sa production.
90 000 hl de vin seront distillés dans cette usine (65 000 sur la première phase, 25000 sur la seconde (à partir de janvier 2021).
L'usine produit notamment l'alcool nécessaire au gel hydroalcoolique.
Si les vignerons ont pu avoir recours à cette distillation cette année, c’est grâce à la FNSEA qui a obtenu l’accord d’une distillation de crise auprès des institutions Européennes, pour un financement à hauteur de 155 M€.
Les professionnels de la vigne espèrent une année 2021 en bonne santé avec un retour des foires… ces lieux de rencontre représentent 28% des ventes en France.