Toulouse
Culture
Par Thomas Anne-Laure
Publié le 16/10/2017 à 11:26

Harold et Rolando : un duo de pianistes cubains à Jazz sur son 31

Pour sa 31e édition qui se tient jusqu'au 22 octobre, le festival Jazz sur son 31 innove avec une semaine dédiée au jazz cubain. Jazz à La Havane, c’est quatre soirées inédites à l’Automne Club, le chapiteau spécialement construit pour le festival dans la cour du Conseil départemental de la Haute-Garonne, mais aussi des master-class et des concerts-lectures à destination des jeunes. Pour l’occasion, sept artistes ont fait le déplacement depuis Cuba pour faire découvrir au public français le patrimoine musical de La Havane. Parmi eux, Harold Lopez-Nussa et Rolando Luna qui ont interprété un duo de piano. 


Une solide formation classique, un amour inconditionné pour leur pays et une ouverture aux influences extérieures : Rolando Luna et Harold Lopez-Nussa forment un duo évident. Leur répertoire est à l'image du jazz cubain : varié. "C’est un concert très varié, nous interprétons la musique d’Harold, ma musique, de la musique traditionnelle, des thèmes du jazz très connus, des standards. Nous adorons jouer ensemble et c’est ce que nous voulons montrer à ce si bon public ici au festival " explique Rolando Luna. 


Le piano cubain d'aujourd'hui est indissociable de l’histoire politique de l’île. En 1990, avec l’effondrement du bloc de l’Est, le régime castriste décide de s’éloigner de l’école classique russe pour renouer avec la culture populaire cubaine. Parallèlement, les échanges artistiques entre les Etats-Unis et Cuba se développent. L’américain Jelly Roll Morton et le cubain Chucho Valdes sont les grands ambassadeurs de ce renouveau du piano cubain. Comme tous les musiciens de sa génération, Harold Lopez-Nussa a grandi avec ce mélange entre l'école classique russe et l'influence américaine. "Mes parents ont toujours écouté de la musique américaine. Même si les échanges étaient moins directs après la révolution, les Cubains ont toujours continué à écouter du jazz américain. Et aujourd'hui, il n'y a plus de professeurs russes dans les écoles de musique, mais c'est quand même la musique russe qui est enseignée. Ici, on n'apprend pas le jazz à l'école. C'est dans la rue qu'on l'apprend ! "


On ne peut évoquer la musique de La Havane sans parler de Buena Vista Social Club. En 1996, ce projet rassemble dans un même enregistrement des musiciens cubains divers. L’album rencontre un succès international, et conduit à un nouvel engouement pour les musiques cubaines. Plusieurs des membres de l'album continuent ensuite à se produire avec de nouveaux membres. Ce groupe de 13 musiciens baptisé Orquesta Buena Vista Social Club continuera de se produire jusqu’en 2015. Rolando Luna était de l’aventure : "Un des plus grands pianistes de Cuba selon moi, Ruben Gonzalez, était le pianiste de Buena Vista. Quand j’ai vu cet homme jouer, j’étais émerveillé, parce qu’il jouait à la manière cubaine. Et quand j’ai vu le projet Buena Vista, je me suis dit wahou, c’est mon rêve, un jour j’aimerais en faire partie ! Et la vie m’a amené à participer à ce projet pendant 7 ou 8 ans. Pour moi, c’est l'un des meilleurs moments de ma vie ! "


C'est à l'école que se sont connus Harold et Rolando. De cette rencontre est née une admiration mutuelle qui a forgé leur duo. "C'est Rolando qui m'a initié au jazz, moi je ne jouais que du classique à l'époque", témoigne Harold. Rolando, lui, connaissait déjà sa famille avant de rencontrer Harold : "Son papa était un percutionniste célèbre. Et sa maman était une professeur de piano réputée à Cuba."


Pour jouer ensemble, Harold et Rolando n'ont besoin d'aucune partition. Tout est dans l'improvisation. "La magie du jazz", selon Harold. "J’écoute sa proposition, lui écoute la mienne, on partage, on en profite, et on va chercher les gens, pour qu’ils sentent la percussion en écoutant le piano, qu’il aient envie de danser, qu’ils entendent une belle mélodie, l’harmonie, une proposition intéressante. C’est ça que l’on veut montrer à ceux qui viennent ici! " s'enthousiasme Rolando. 


Un partage d'émotion réussi : le rythme des sonorités cubaines a conquis le public toulousain !


Anne-Laure Thomas