Limoux
Culture
Par Florence Lacure
Publié le 09/10/2018 à 15:20

Interview : Brigitte mises à « Nues » au Festival Les Bulles Sonores

Sylvie Hoarau et Aurélie Saada écrivent depuis dix ans leur road-movie musical dans l'esprit de Thelma et Louise... Avec leur 3e opus, Nues, elles disent bye bye à l'espièglerie et bonjour à l'intimité des sentiments. Interview.

Depuis le 1er album (Et vous, tu m'aimes ? sorti en 2011, double disque de platine et une victoire de la musique, NDLR) vous rencontrez un vrai succès. Comment le vivez-vous ?

On a commencé à chanter et écrire des chansons l'été 2007, il y a près de 11 ans. Notre premier album est sorti en effet en 2011... et depuis on vit un rêve. On est sur un nuage. Aujourd'hui, on est toujours étonnées de remplir les salles, de tout ce que le public nous renvoie, de voir comment notre musique accompagne leur vie, met des mots sur leurs maux.

 

Avec votre dernier opus, Nues, vous tombez vraiment le masque?

(Rires) Oui, il y a un truc comme ça. Le nouvel album est très contrasté par rapport au précédent. Quand on nous a découvertes, on s'amusait, on dansait, on était en robes fourreau à paillettes, en jumelles. C'était un vrai jeu de miroir. On aime bien semer le trouble. Cela a commencé avec le nom du groupe. C'était un vrai plaisir d'être si identiques alors que l'on est si différentes... Aujourd'hui c'est un retour au naturel. Visuellement on est moins maquillées, on n'a pas les mêmes robes extravagantes. Les chansons sont beaucoup plus intimes, plus personnelles pour plein de raisons : parce que c'est la vie, parce qu'à des moments on a envie de parler de choses plus profondes et puis aussi parce que l'on a été séparées pendant plus d'un an. Aurélie est partie aux États-Unis. Elle a eu une fulgurance de travail, écrit des chansons seule. On ne les aurait certainement pas écrites de la même manière si on avait été ensemble.

 

On vous sent ultra-fusionnelles, complémentaires... Comment avez -vous travaillé sur cet album du fait d'être éloignées l'une de l'autre ?

Je suis allée la voir régulièrement. Bout à bout j'y suis restée 3 mois. Quand j'y allais, on travaillait à fond, heureuses de se retrouver. On a été très productives. Et puis on a travaillé par skype, on s'envoyait des choses, mais c'était pas facile surtout par rapport aux 9h de décalage horaire. Si j'avais pas eu des enfants cela aurait été plus simple (rires).

 

Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

Ce sont nos vies qui nous inspirent, nos conversations, nos réflexions, nos questionnements et tout ce qui nous entoure. Quand Aurélie écrit sur son père (Mon intime étranger, NDLR) c'est bien son père qui l'a inspirée. Il se trouve que moi aussi j'ai eu un père très absent donc la chansons nous parle vraiment à toutes les deux. C'est du vécu et du vécu pour plein de gens. En concert on voit bien que les gens sont touchés. Je vois plein d'hommes pleurer pendant cette chanson.

 

Cela doit être compliqué de voir les gens pleurer quand on chante ?

Oui je te l'accorde (rires). J'ai appris à regarder loin loin pour ne pas trop regarder les gens devant, mais j'ai cette fâcheuse tendance à poser mes yeux partout et je vois tout de même ceux qui sanglotent, qui se détournent pour essuyer une larme... C'est pas facile. On a deux chansons piano-voix où il ne vaut mieux pas plonger notre regard dans celui des spectateurs !

 

Côté musique, d’où est venu le choix de l’apport du piano, des sonorités orientales ?

Par accident. Tout arrive par accident et c'est beau car les accidents sont de la matière et permettent de sortir des sillons de l'habitude. Pour le piano, Aurélie n'en jouait pas vraiment, mais dans sa maison de Los Angeles, il y avait un vieux piano tout désaccordé qui l'a inspirée. Qui lui a donné envie. Il a pris une telle place que je dirais que c'est le troisième larron de cet album.

Propos recueillis par Florence Lacure

 

Vendredi 19 octobre dès 19h. Stade de Tremesaygues, dans le cadre du 6e Festival Les Bulles Sonores à Limoux. Avec Panda Dub, Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra, Soviet Suprem, Soom T, Le Peuple de l'Herbe. 32€. Billetteries habituelles et www.lesbullessonores.com

 

Brigitte - Palladium (Clip officiel)