Moissac
Culture
Par Florence Lacure
Publié le 11/06/2018 à 17:00

INTERVIEW : Grand Corps Malade en concert à Moissac

Déjà douze ans de carrière ! Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, est celui par qui le slam a gagné la chanson française. Six albums, un livre et un film... ce touche-à-tout généreux offre des petits bijoux d'humanité et d'humour... à son image.
Interview avant la tournée qui le conduit à Moissac le 24 juin prochain.

Un disque certifié platine, des tournées de plus de 130 dates, 2 Victoires de la musique, un film à 1 million d'entrées... Comment vivez-vous ce succès ?

Je n'aurai jamais imaginé tout ça. C'est déjà incroyable de faire un disque et derrière de pouvoir enchaîner une tournée. Il y a douze ans, je n'aurai pas parié sur le fait de réaliser cinq albums derrière, puis un livre et un film... Je continue vraiment de m'émerveiller de tout ça. Je ne suis pas du tout blasé, mais plutôt fier du parcours et j'ai encore plein d'étoiles dans les yeux quand je monte sur scène.

Bien sûr ma vie est très différente 12 ans plus tard. Je travaille beaucoup, j'ai la chance de voyager. C'est un privilège de vivre tout cela. J'essaie de faire en sorte que cela ne me donne pas le tournis. Je crois y arriver, je garde les mêmes potes, les mêmes habitudes de vie.

Vous avez révélé le slam au public. Diriez-vous qu'il est devenu un art populaire ?

C'est aussi devenu un art très pédagogique. Il y a de plus en plus de gens qui pratiquent le slam et pas seulement en milieu urbain. Ce qui me marque le plus, c'est de voir qu'il y a de plus en plus de slam à l'école.

Vous avez d'ailleurs un projet à ce sujet.

Oui. Depuis 10 ans, je reçois des témoignages : de nombreux profs ont des projets. Ils ont bien compris qu'à travers le slam, les élèves peuvent approcher la poésie et la littérature d'une autre manière, être acteurs de cette poésie. On travaille avec le Ministère de l'éducation nationale et la Ligue Slam de France. On essaye de mettre en place une méthodologie, un cahier des charges pour les profs qui ont envie de se lancer dans l'aventure.

 

Plan B est un état des lieux émotionnel ?

Oui, j'aime bien l'idée d'un bilan des émotions du moment. Cet album est solaire car tout va bien pour moi. Les textes sont plutôt positifs et engageants et il y en a d'autres plus graves liés à l'actualité.

Des textes engagés sans être donneur de leçon, comme «Au feu rouge» qui pose un autre regard sur Yana, une réfugiée syrienne...

Sur un thème comme celui des migrants, j'ai essayé en effet de ne pas m'inscrire comme un donneur de leçon, mais d'être le plus juste possible, le plus factuel : montrer que ce sont avant tout des êtres humains au parcours très compliqué, qui n'ont pas choisi d'être là.

Plan B est tantôt salsa, bossa-nova, gipsy ou oriental, mâtiné d'électro pop... Comment s'est passé la réalisation de ce dernier album ?

Avec Angelo Foley ça s'est fait naturellement. Sur l'album, il y a des humeurs très différentes et du coup on en a profité pour que musicalement ça le soit aussi. On avait envie pour cet album d'une couleur plus chaude avec des rythmes plus «ensoleillés».

Vous êtes actuellement en tournée. Sur scène ça donne quoi ?

Je suis entouré de trois musiciens sur scène et ça se passe super bien. On change pas mal d'ambiance d'une chanson à l'autre. Et puis entre chaque musique, je tchatche pas mal. J'explique le pourquoi du comment d'un texte... ça donne des moments un peu stand up et le public aime beaucoup ça.

Dimanche 24 juin à 21h30 au Festival des Voix de Moissac (82). De 22€ à 25€, 12€ - de 12 ans ; 28€ le soir du spectacle. Billetteries habituelles. www.moissac-culture.fr