Gruissan
Culture
Par Marilyn Beaufour
Publié le 20/07/2018 à 16:01

Manu Dibango, la liberté comme boussole !

Manu Dibango, légende de la world music, se produit à Gruissan ! Le saxophoniste et chanteur offre depuis 60 ans sur les scènes du monde l’immense diversité de sa musique. Rencontre avec un artiste libre.

Que ressentez-vous en entendant ces mots, Papa Africa, qui font de vous une figure internationale incontournable ?

Vous pouvez même jusqu’à écrire Papi Africa !  Les gens me voient comme ça, je suis content bien sûr, c’est grâce à ma nature, à mon vécu, à mon passé. Tant que ce n’est pas moi qui le dit (rires). C’est le fruit de la diversité dans ma musique, le do n’est pas le mi et dans cette diversité on trouve de tout. Si tout le monde ne jouait que do, ce serait monotone, n’est-ce pas ?

Quelles sont les personnes clés de votre vie ?

Vu le temps passé dans la musique, 60 ans, j’ai côtoyé des gens dans le monde entier, tant dans le milieu de la musique que dans d’autres espaces. J’ai fait des rencontres heureuses et certaines malheureuses. Lors des échanges, la synthèse s’effectue à l’intérieur de soi. 

Soul Makossa (1972) est le premier disque d’or d’un artiste africain aux USA, pouvez-vous raconter sa genèse et son immense succès ?

Soul Makossa est un tube. Ce n’est pas l’artiste qui réalise ce miracle. On n’entre pas dans un studio en se disant « Tiens, je vais faire un tube ». Ça vous tombe sur les épaules quand le monde entier s’arrête un instant sur votre chanson. C’est le 1er miracle. Le titre paraît au bon moment, au bon endroit, comme si la terre dans sa totalité se cristallisait sur un de vos morceaux. Ce qu’il y a de fou, c’est que Soul Makossa était la face B d’un 45tours où figurait, sur la face A, un hymne pour une coupe de football au Cameroun (ndlr : Pays d’où est originaire Manu Dibango). L’hymne est passé à la trappe, personne ne s’en rappelle. La petite face B est devenue un conte de fée. Le titre comporte le mot « soul » qui signifie âme en anglais. Pas de souci de mélange des langues car au Cameroun, nous en parlons trois, l’anglais, le français et une langue vernaculaire. Et ce miracle perdure, Soul Makossa est repris par Rihanna par exemple et de nombreux grands films contiennent 45 secondes de la chanson. Le dernier miracle est que ce soit tombé sur moi (rires).

Votre rapport à la scène ?

Je suis un homme de scène, c’est là que j’habite. Je vis ce moment comme une religion, un voyage, je l’appelle «Le safari musical». 

 

Votre dernier album ?

Balade en saxo réunit des mélodies, des morceaux que j’aime, pris à droite, à gauche. C’est ma liberté d’artiste. On attend d’un Africain du djembé partout et des boubous… Cela reste le droit le plus absolu de certains d’interpréter du folklore. Ce n’est simplement pas pour moi. J’ai toujours joué ce que j’avais envie de jouer. Je casse les boussoles. Je ne suis pas chargé de mission par le Cameroun, je suis musicien d’abord.

Des projets ?

Oui, un gros projet, une tournée mondiale avec des orchestres symphoniques. J’avais joué à Bercy il y a quelques années avec celui de Paris. J’arrange ma rythmique pour rencontrer l’autre, sa musique. Un peu partout dans le monde, je jouerai avec les orchestres des villes concernées. Ce sera une osmose, pas du collage.

Prenez-vous des vacances ?

Je me sens en vacances quand je suis en tournée. Je voyage beaucoup et les personnes qui m’accueillent sont en général amoureuses de leurs lieux et elles m’en montrent l’essentiel. L’idéal étant d’arriver un jour plus tôt ou rester une journée après le concert.

Vous êtes né au bord de la mer, à Douala au Cameroun ? L’aimez-vous ? Aimez-vous aller à la plage ?

J’adore la mer. J’ai la piscine en horreur, avec tous les produits qui vont avec. J’aime le côté jouissif de la marche sur le sable. C’est gratuit pour tous, je m’y sens libre. Dès qu’il y a une plage, je suis preneur.

Une journée idéale de vacances ?

Une journée sans montre, me lever tard, faire une balade et au hasard une belle découverte.

 

Le 26 août à 21h. Place Gibert à Gruissan (village). Gratuit. Rens. : 04 68 49 09 00.

www.gruissan-mediterranee.com

www.manudibango.net