Labège
Economie
Par Marlène Meck
Publié le 24/04/2020 à 07:15

Pour la filière numérique, la crise n'est pas virtuelle

La crise économique liée à la pandémie de coronavirus n'épargne pas le secteur du numérique. Le cluster Digital 113 a publié les premiers résultats d'une enquête menée auprès des 350 entreprises qu'elle fédère en Occitanie ; pour 94 % d'entre elles l'activité est perturbée, très perturbée, voire à l'arrêt.

Agiles, rodées au télétravail et aux outils numériques... vu de l'extérieur, le secteur du numérique avait les atouts pour limiter l'impact de la crise économique qui découle de l'épidémie mondiale de Covid-19. D'autant que le confinement en cours dans de nombreux pays impose la dématérialisation des échanges et le recours aux applications dédiées.
"J'entendais beaucoup d'idées reçues sur cette filière
, confirme Amélie Leclercq. On me dit 'ah ben oui, dans les entreprises du numérique tout le monde peut télétravailler, il n'y a pas de problème. Et puis les entreprises du numérique elles vont tirer leur épingle du jeu puisque du coup tout le monde va utiliser des outils numériques'... Oui mais non, ce n'est pas comme ça que ça se passe."

Production perturbée ou à l'arrêt

Sollicitée par la Direccte et la préfecture de région Occitanie, la directrice générale de Digital 113 lance rapidement une enquête auprès des 350 entreprises du numérique que fédère le cluster régional, un panel de 54 professionnels répond. Début avril, les premiers résultats livrent un instantané de leur situation aux 31 mars. Plus de 7% des entrepreneurs déclarent que leur activité est à l'arrêt, près de 39% estiment qu'elle est perturbée, très perturbée pour 48% des sociétés.
Seulement une entreprise sur cinq constate que la totalité de ses effectifs peut télétravailler.

Nature du travail, installation et équipement du travailleur chez lui et surtout activité de l'entreprise déterminent si c'est possible ou non. "Télétravailler c'est bien, s'il y a du travail", résume Amélie Leclercq.

 

Près de la moitié des sociétés qui ont participé à l'enquête avaient déjà recours au chômage partiel au mois de mars, un tiers l'envisageaient pour le mois d'avril. Le point noir pour toutes, c'est le commerce. "Le 'new biz' est à l'arrêt, constate la directrice générale de Digital 113. Le 'new biz' ce sont les nouveaux clients. (...) plus de 80% des entreprises déclare que c'est la fonction commerciale qui est la plus impactée dans leur entreprise."

 

Des

"Je n'ai pas de boule de cristal, ce qui est sûr c'est que certaines entreprises vont y laisser des plumes, notamment les plus petites." Près des trois quarts des entreprises du secteur comptent mois de 50 salariés, plus d'une sur cinq en emploi moins de dix. Ces petites et très petites sociétés sont particulièrement fragilisées par une activité en berne. Pour l'instant, les aides de l'État ne sont accessibles que pour celles qui ont plus d'un an, car le dispositif est conditionné par le chiffre d'affaire 2019. Les plus récentes sont donc donc aussi les plus en difficultés.

Solidarité numérique

Des menaces qui pèsent sur l'avenir mais qui n'empêchent pas la solidarité avec les autres secteurs. Aider les hôpitaux, accompagner les soignants, améliorer le télétravail de tous ; en Occitanie, plusieurs entreprises du numérique proposent leurs services gracieusement pour faire face à la crise. Les Toulousains de BotDesign mettent par exemple leur CoviBot à disposition des hôpitaux de Toulouse et Albi. Un chatbot et outil de téléconsultation qui permet le suivi médical à domicile de patients atteints du Covid-19. À Lavérune, dans l'Hérault, l'éditeur de logiciel ESII propose gratuitement des solutions aux établissements et professionnels de santé qui reçoivent du public en cette période d'épidémie.

Le cluster du numérique poursuit lui aussi sa mobilisation. Avant même les mesure de confinement, Digital 113 a mis en oeuvre des outils pour ne pas laisser les entrepreneurs du numérique, notamment à travers des rendez-vous quotidiens d'échanges et de conseils pratiques. Chaque matin à 8h30 un café-visio aborde un thème, parfois sérieux, parfois plus léger et l'enquête sur l'impact de l'épidémie sur la filière  initiée mi-mars se poursuit.

> Pour aller plus loin : https://www.digital113.fr