Une sculpture des célèbres « nanas » de Niki de Saint-Phalle (1930-2002), des danseuses très colorées aux formes rebondies, a fait son apparition sur le parvis des Abattoirs. Signe que le grand jour approche. C’est vendredi que cette rétrospective réunissant quelque 200 œuvres (sculptures, peintures, meubles, mais aussi bijoux, foulards, parfum… ) de l’artiste franco-américaine, ouvre ses portes au public. D’emblée, on plonge dans l’univers fantasmagorique de Niki de Saint Phalle, accueilli par une ribambelle de bouées en forme de nanas en maillots, accrochées les unes aux autres du sol au plafond. L’artiste, qui a beaucoup diversifié sa production, avait commercialisé ces gadgets dans les années soixante. Le scénographe Pascal Rodriguez a assemblé ces poupées gonflées pour fabriquer un rideau, derrière lequel trône la pièce la plus imposante de l’exposition : le monstre du Loch Ness. L’animal fantasmagorique, recouvert d’écailles de céramiques et de miroirs, pèse plus de deux tonnes et a une envergure impressionnante, qui a nécessité pas mal de manutention.
C’est la première grande exposition consacrée à la production des années 1980 et 1990, une période très représentative de l’engagement de Niki de Saint Phalle pour le féminisme, la cause du sida, la défense de la Nature et des animaux ». La fondation a prêté notamment tout un bestiaire réuni dans la première salle, à droite, avec, au centre, deux serpents enlacés, motif emblématique de l’artiste. Une autre salle est dédiée à son fameux Jardin des Tarots, en Toscane. L’œuvre de sa vie. Un parc d’immenses sculptures inspirées des 22 arcanes du jeu divinatoire, au centre duquel l’artiste a construit l’Impératrice, une maison-sculpture recouverte de céramiques dans laquelle elle a vécu 20 ans. On foulera une moquette tissée à Toulouse spécialement, reproduisant le parcours du parc, tandis que les édifices, plus fous les uns que les autres, sont présentés en tailles réduites.
L’exposition occupe tout le rez-de-chaussée et le sous-sol du musée. Le scénographe a fait installer des cloisons, des passages, des arches pour rendre les espaces plus intimes. Les murs sont peints de couleurs vives, à l’image du style très reconnaissable de Niki de Saint Phalle. L’artiste, disparue il y a tout juste vingt ans, est présente partout, au travers de grands portraits, d’extraits de films, comme si elle guidait elle-même ses visiteurs.
Images et reportage de Clément Gassy pour La Dépêche du Midi.