Vallabrègues
Santé
Par Lapierre Tristan
Publié le 08/12/2017 à 11:00

Vallabrègues cherche médecin désespérément

Le village gardois de Vallabrègues n’a plus de médecin depuis le mois de juin. Après 35 ans de service, le généraliste du village, qui a soigné cinq générations de patients, est parti à la retraite. Un casse-tête pour le maire Jean-Marie Gilles, qui renouvelle les opérations de communication afin de trouver un successeur au docteur Durante : affichage, tractage à Avignon devant le Palais des Papes, en marge d’un congrès réunissant de jeunes généralistes installés et médecins remplaçants…


Pourtant, le travail ne manquait pas à Vallabrègues : sur un village comptant 1.400 administrés, la « patientèle » du docteur Durante était importante, avec 1.000 dossiers créés. Un poste synonyme d’activité et pour lequel la mairie ne lésine pas sur les moyens d’attraction : mise à disposition de l’ancien cabinet, avec un loyer offert, et l’assurance de l’ouverture d’un nouvel établissement, aux frais de la commune, avec logement de fonction, dans le cadre d’une Maison de Services, qui doit ouvrir à la rentrée 2019, et qui disposera également de deux cabinets paramédicaux dédiés à la kinésithérapie et à l’orthophonie, face à l’Hôtel de Ville. Des moyens importants pour un village profondément attaché à l’image d’un médecin, dont l’activité conditionne également celle de la pharmacie locale, des infirmières et des aides ménagères.


Situé au coeur du triangle entre Arles, Avignon et Nîmes, Vallabrègues ne veut pas devenir un « désert médical » et met tout en oeuvre pour relancer son attractivité, à une époque où bon nombre de médecins partent à la retraite dans les communes voisines de Beaucaire, Boulbon, Comps, Domazan ou encore Théziers, sans promesses de remplacements. Sur le terrain, les habitants manifestent un besoin de lien et de contact humain, certains ayant dû chercher un autre médecin sur une commune voisine comme Aramon. Une problématique qui touche également la pharmacienne du village installée en 2011 et qui tacle le manque d’informations au niveau de l’Etat pour trouver des alternatives à cette situation.


Dans le village, on estime à 20% la perte du chiffre d’affaires de la pharmacie depuis la cessation d’activité du médecin. Un accès aux soins rendu plus difficile et qui pose également la question du modèle français du « numerus clausus », avec bon nombre d’étudiants compétents et motivés, recalés à l’issue de leur première année de médecine, pour des questions de restrictions d’effectifs. La réponse du Ministère, qui préconise aujourd’hui les Maisons médicales dans les grandes villes, est-elle en phase avec les attentes des habitants d’un village qui se trouve à 15 minutes d’Avignon ? La répartition des médecins sur l’ensemble du territoire français a également changé, tout comme les habitudes et les modes de travail.


Interviews : Jean-Marie Gilles (maire sans-étiquette de Vallabrègues), habitants du village de Vallabrègues, Fabienne Vidal (pharmacienne de Vallabrègues), Docteur Bruno Durante (médecin retraité de Vallabrègues).