Saint-Béat
Economie
Par Michel Kevin
Publié le 25/04/2018 à 20:00

Saint-Béat à bout de nerfs avec son tunnel

Saint-Béat, petite commune de 350 habitants, est un véritable carrefour pour les routiers entre la France et l'Espagne.

Chaque jour, entre 500 et 800 camions passent dans les petites rues du village. Pollution, bruit, tremblements, les riverains vivent un enfer !


Prévue ce 30 avril, l'inauguration du tunnel qui doit contourner la ville arrive comme une bonne nouvelle. Ou presque ...!  Les travaux ont pris 3 ans de retard, et le dernier tronçon ne sera pas terminé avant 2024, au moins ! En attendant, les pouvoirs publics ont prévu une déviation qui repasse… en plein village ! Une nouvelle aberration pour certains collectifs qui déploraient déjà la gestion de l'après innondations en 2013. Membre de l'assocition "Vivre en vallée de Saint-Béat", Dominique Boutonnet estime que "les habitants sont pris pour les ploucs de service".


Officiellement, ce retard est lié à plusieurs phénomènes. Présence d’espèces protégées (écrevices à pattes blanches) et de zones humides, qui ont nécessité des études appronfondies. Le tracé a par ailleurs été changé à cause du calcaire que l'on retrouve dans les sources pétrifiantes et qui tend à éroder la qualité des routes.


Le deuxième plus gros chantier de l'état en Occitanie :


Cette année, ce chantier est le deuxième plus important de l’état en Occitanie. Co-financé par la Préfecture, le Conseil départemental de Haute-Garonne et la Région, il s'élève à 148 millions d’euros. C'est presque 40% de plus que le budget initialement prévu. Et si les différents protagonistes travaillent ensemble, tous se renvoient la balle.


En Espagne, les travaux d'un tunnel plus long ont pris deux ans de moins :


Face à ce casse-tête, le conseil municipal a vu 6 personnes démissionner en très peu de temps. Des élections partielles se sont par ailleurs déroulées. Le nouveau maire, Alain Frisoni, est tiraillé. Il dit "comprendre l'exaspération des habitants", mais rappelle la complexité et l'ampleur du chantier. "Que peut faire l'élu d'une si petite commune ?", interroge-t-il.

Reste à comprendre pourquoi sur le même axe, coté espagnol cette fois, le chantier d’un autre tunnel plus long de 4 kilomètres et avec une voie de plus, a pris deux ans de moins …